Qu'est-ce qu'un bail fantôme ?

Pour louer légalement un logement, il faut soit être propriétaire du logement concerné soit être un mandataire dûment missionné par le biais d'un mandat de gestion. Dans le cadre du bail fantôme, les personnes se font passer pour le propriétaire du bien en vue d'arnaquer financièrement les candidats locataires. Le fonctionnement de cette escroquerie se révèle être particulièrement vicieux et élaboré.

Cette arnaque à la location consiste à proposer des biens sur le marché qui n'appartiennent pas aux personnes concernées et qui ne sont pas en location. Bien entendu, le but est de soutirer de l'argent aux victimes, en utilisant leurs coordonnées bancaires ou en encaissant le dépôt de garantie et le premier mois de loyer.

Pour faire un maximum de victimes, les arnaqueurs se servent de la tension locative élevée dans les grandes villes et de leur aptitude à gagner la confiance des potentiels locataires.

Proposer la location du bien via une annonce immobilière

Tout comme le feraient les agences immobilières ou les bailleurs particuliers, les escrocs créent une annonce immobilière attrayante pour l'appartement en question. Ces dernières sont publiées sur les portails d'annonces immobilières ainsi que sur certains réseaux sociaux. Elles comprennent : 

• Les photos du bien, qui peuvent être originales, volées ou retouchées. Dans tous les cas, le but des escrocs est de proposer des photos attractives de biens rénovés pour susciter l'intérêt des futures victimes ;
• La description du bien, souvent très détaillée et mettant en avant des caractéristiques très recherchées selon le secteur géographique concerné (super lumineux, étage avec balcon…)
• Un prix très compétitif par rapport au prix du marché et aux prestations proposées. Cela suscite un sentiment d'urgence chez les candidats locataires, qui se précipitent souvent de peur de rater la bonne affaire.

Prendre contact avec les candidats locataires

Dès qu'un candidat locataire mord à l'hameçon en répondant à l'annonce, les escrocs prennent le relai. Ils rentrent dans la peau de véritables professionnels de l'immobilier pour recontacter leurs victimes et établir un climat de confiance. Les arnaqueurs utilisent plusieurs techniques :

• Une prise de contact immédiate par téléphone, SMS ou mail afin d'éviter que le candidat n'ait le temps de réfléchir ;
• Insister sur le caractère urgent de la situation en indiquant que de nombreuses demandes sont en cours et que des visites sont déjà programmées. Cette technique est facile à mettre en œuvre surtout dans les grandes villes. En effet, les candidats locataires trouvent généralement leur appartement après une longue recherche. Ils sont habitués à devoir se positionner rapidement sur un bien ;
• Prétexter une impossibilité fixer un rendez-vous de visite, pour des raisons d'éloignement (propriétaire à l'étranger ou en déplacement professionnel) et proposent parfois des vidéos ou photos supplémentaires pour compenser.

Demander le dossier locatif des candidats

Pour rendre crédible cette arnaque à la location, les escrocs demandent le dossier locatif du candidat comme le ferait une agence immobilière classique. Il est généralement demandé les pièces justificatives suivantes : 

• Pièce d'identité ; 
• Justificatif de domicile ; 
• Fiches de paie ; 
• Avis d'imposition.

Dans ce cas, ces documents pourront parfois servir des escroqueries supplémentaires telles que l'usurpation d'identité ou la souscription d'un crédit à la consommation.

Demander un paiement pour contractualiser la location

Pour refermer le piège du bail fantôme, les escrocs demandent au candidat locataire le versement d'une somme d'argent pour la location. Ils justifient ce paiement pour réserver le logement avant la remise des clés. Le paiement demandé consiste en un virement sur le compte de l'escroc, sensé couvrir le versement du dépôt de garantie ainsi que le premier mois de loyer.

Faire disparaitre l'annonce

Cette arnaque pouvant être menée simultanément sur plusieurs locataires à la fois, elle s'avère être particulièrement lucrative. Une fois les virements effectués, les escrocs disparaissent dans la nature et ne répondent plus aux sollicitations des locataires désabusés. L'annonce est retirée des plateformes d'annonces en ligne, pour renouveler l'opération sur un tout nouveau logement afin d'éviter d'être repérés.

S'agit il du seul mode opératoire pour l'arnaque au bail fantôme ?

Dans certains cas, les escrocs vont encore plus loin pour pousser le réalisme de l'arnaque. En effet, ils vont jusqu'à louer un appartement en location de courte durée, comme le ferait n'importe quel utilisateur du site Airbnb. Ils organisent ensuite des visites du bien avec les candidats locataires pour faciliter l'escroquerie.  C'est ce qui est arrivé récemment à un couple de Parisien, qui a livré son témoignage dans l'émission "Sept à huit" de TF1.

Pour éviter les mésaventures subis par Michel et Leïla, plusieurs astuces peuvent permettre de limiter les risques d'être victime du bail fantôme :

• Se méfier des trop bonnes affaires. Si le montant du loyer est anormalement bas par rapport au prix du marché locatif, il y a forcément anguille sous roche. Cela peut signifier que le logement dispose soit d'un vice qui n'est pas visible ni sur photos ni sur la description de l'annonce soit qu'il s'agit d'une arnaque. Dans les deux cas, il faut passer son chemin ;
• La description de l'annonce  contient trop de superlatifs et ne détaille que des prestations de haut standing, décorrélées du prix de la location ;
• La photo du bien est utilisé sur une ou plusieurs autres annonces de location. Des outils informatiques tels que la " recherche inversée" de Google permet de détecter l'authenticité des photos utilisées ;
• Demander à voir la copie de la taxe foncière ou le titre de propriété correspondant au logement ;
• Ne pas verser d'argent tant que le contrat de location n'est pas signé ;
• Refuser les demandes de règlement en espèces ou en mandat cash et Wester Union, qui ne permettent pas d'être tracées.

Si vous êtes victimes d'une arnaque au bail fantôme, vous devez signaler l'annonce frauduleuse à la plateforme d'hébergement afin que cette dernière soit retirée. Vous devez ensuite vous rendre à la police ou la gendarmerie pour effectuer un dépôt de plainte pour escroquerie.

Si vous avez détecté une arnaque au bail fantôme mais que vous n'êtes pas victime d'une perte financière, vous devez également vous rapprocher des forces de l'ordre. Faute de préjudice, vous ne pourrez pas déposer une plainte mais seulement une main courante. Il est alors impératif de signaler l'annonce avant que d'autres victimes ne tombent dans le panneau.